Vigilance neige et verglas à Paris : ces records de novembre qui font relativiser la météo actuelle

 

Alors que les médias évoquent déjà une vague de froid, la baisse des températures observée au cours des dernières heures ne présente rien d’exceptionnel pour la saison. Il convient de rappeler que nous partons d’une période extrêmement douce.  De plus, après quatre décennies de réchauffement climatique constant, il est facile de perdre nos repères.  Profitons donc de la base de données unique dont nous disposons pour rafraîchir nos mémoires et constater que, par le passé, Paris a connu des périodes de froid bien plus intenses qu’actuellement à la fin du mois de novembre.

 

Le froid sibérien de la fin novembre 1890 !

 

Suite à une période de températures exceptionnellement douces (11°C à Paris le 24 novembre 1890), une chute brutale des températures s’opère le 26 novembre 1890. Deux jours plus tard, la température atteint -15°C à Paris, constituant ainsi la température la plus basse enregistrée durant l’hiver.  Cet épisode froid se distingue comme la vague de froid la plus intense jamais observée à la fin d’un mois de novembre depuis 1788.  Bien que l’épisode persiste jusqu’au 20 janvier, son intensité est inférieure à celle du mois de décembre 1879, et il se caractérise par une quasi-absence de précipitations neigeuses à l’arrivée des températures glaciales de la fin novembre.

 

Dés la fin du mois de novembre 1890, les parisiens regardent la Seine charrier des glaçons

 

 

Novembre 1902 : on patine déjà sur les étangs !

 

Du 15 au 23 novembre 1902, une vague de froid précoce affecte la France : Les températures chutent à –12 °C à Charleville-Mézières, –11 °C à Nancy, entre –7 °C et –9 °C à Paris, où l’on enregistre quatre jours consécutifs sans dégel, et à –3 °C à Marseille. À l’issue de cet épisode exceptionnellement froid, il devient possible de pratiquer le patinage sur l’étang du Bois de Boulogne.

 

 

 

La neige de novembre 1952

 

Du 17 au 20 novembre 1952, la France est concernée par un épisode neigeux précoce et parfois très marqué pour la saison. Dès le 17 novembre, une masse d’air froid descend sur le pays tandis qu’une perturbation active remonte du sud-ouest : la rencontre des deux engendre des chutes de neige abondantes, d’abord dans le centre et l’est du territoire, puis progressivement vers le nord.

Au fil des heures, la région parisienne se retrouve rapidement sous un manteau blanc inhabituel pour un mois de novembre, avec plusieurs centimètres de neige en de nombreux secteurs, provoquant des difficultés de circulation et surprenant les habitants comme les services municipaux.

Les joies de la neige en novembre 1952 à Paris

 

 

Mi-novembre 1962 débute le plus long hiver du du XXe siècle ! 

 

Dès le 11 novembre 1962, une descente d’air froid s’abat sur une large partie du territoire français.
Les premières chutes de neige significatives surviennent le 21 novembre au matin, perturbant gravement la circulation dans le Nord–Pas-de-Calais, la Picardie, l’Île-de-France et l’ensemble des régions de l’Est. De nombreux accidents sont alors signalés.

Cette offensive hivernale, loin d’être un épisode isolé, marque le début d’une longue série d’intempéries. Elle annonce déjà un hiver exceptionnellement rigoureux, qui s’imposera comme l’un des plus persistants du siècle.

 

 

Rebelote 6 ans plus tard ! 

 

Du 15 au 18 novembre 1968, l’hiver s’installe avec plus d’un mois d’avance sur l’ensemble du pays. Les premiers flocons apparaissent dans la nuit du 16 au 17 novembre, déposant 1 à 4 cm de neige sur le Nord et l’Est.
Dès le dimanche 17 novembre, les chutes reprennent, cette fois de manière plus marquée : on relève 22 cm à Belfort, 14 cm à Orléans, 12 cm à Marseille, 11 cm à Tours, ainsi que 5 à 7 cm en région parisienne, où les courses d’Auteuil sont annulées.

 

 

Après un mois de janvier 1985 polaire... 

 

Après un mois de janvier mémorable, le froid prend semble prendre sa revanche du 17 au 28 novembre 1985. Novembre 1985 et d'ailleurs l'un des mois de novembre, le plus froid de la deuxième partie du XXe siècle. La neige apparaît un peu partout et les gelées sont quasiment permanentes, sauf sur le littoral. On relève -11°C à Dijon le 27 novembre 1985 et -13° au Puy le 28 novembre 1985.

 

 

La vague de froid mémorable de la 2eme partie du mois de novembre 1993

 

Du 18 novembre au 1ᵉʳ décembre 1993, une vague de froid intense affecte une grande partie du territoire français. Les températures ont chuté significativement dès le 18 novembre, avant de connaître une baisse plus marquée entre les 22 et 24 novembre.  Des minimales comprises entre –10 et –12 °C ont été enregistrées dans les régions du Centre et du Nord-Est.  Dès le 21 novembre, il neige sur la moitié nord du pays

Le 24 novembre 1993, aucun dégel n’est observé sur la quasi-totalité de la moitié nord.  Le 28 novembre 1993, il ne fait pas plus de –4 °C à Boulogne-sur-Mer, –3 °C à Beauvais, Saint-Quentin et Reims, –2 °C à Rouen et Chartres, et –1 °C à Paris.  Cette vague de froid a de graves conséquences sur les personnes sans domicile fixe car la France connait une crise économique marquée.

Un redoux, accompagné de pluies verglaçantes, se produit le 30 novembre 1993, transformant les routes en véritables patinoires et rendant la circulation extrêmement difficile dans les régions du Nord-Pas-de-Calais, de la Picardie, de l’Île-de-France et du Centre. 

 

Une fine pellicule de neige précoce recouvre Paris (photo Philippe Arvis)

 

 

1998 : la dernière véritable vague de froid en novembre 

 

Du 20 au 26 novembre 1998, une vague de froid intense et sans neige affecte une grande partie du territoire français, engendrant des gelées généralisées, à l’exception des zones côtières de la Corse, de la Côte d’Azur et de la pointe de la Bretagne. De nombreux records de températures minimales sont enregistrés le 23 novembre (-13°C à Nancy, -12,5°C à Châtillon-sur-Seine, -11°C à Vichy, Clermont-Ferrand, Troyes et Nevers, -10°C à Mont-de-Marsan et -9°C au Luc-en-Provence !!). Malheureusement, les personnes sans domicile fixe ont été une fois de plus les premières victimes de ces conditions climatiques rigoureuses dans les grandes agglomérations.

 

 

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Auteur : Guillaume Séchet